Jour 0 à Jour 2

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Cette page relate l’exploration de Denis, nageur de luge d’eau québécois.

Il a fait son exploration en juin 2001 au Canada, 190 km de nage sur plusieurs rivières du Québec, avec Gaston, son « fidèle compagnon », le tout en 11 jours.

Jour 0 (vendredi 1 juin 2001)


Parcours de l’explo (Plan de MapQuest)

Mon ami Bob me rejoint à l’auberge Marineau de Rivière Matawin. Je laisse ma camionnette sur place, je la reverrai dans 10 jours environs. Nous décidons d’emprunter la route traversant la Zec Chapeau-de-paille jusqu’au barrage d’Hydro Québec situé à l’ouest de la rivière Matawin Inférieur sur le réservoir Taureau.
Rendu là, je cache un ravitaillement en nourriture. On fait le tour du réservoir Taureau par les routes forestières du Nord jusqu’à St-Michel-Des-Saints, on y prend un bon repas. On y dépose aussi un ravitaillement au Rona, la charmante Myriam (gérante de l’inter sport) accepte de garder le ravitaillement jusqu’à mon passage. Finalement, après un arrêt d’enregistrement au poste St-Michel de la réserve Rouge-Matawin, nous continuons notre route jusqu’au Lac Rouge situé au nord-ouest de la réserve. Il est 16h30, nous avons roulé toute la journée. Merci Bob pour cette navette !

Et me voilà enfin seul pour ma petite randonnée.


Campement au Lac Rouge (Photo Denis Morin)

Jour 1 (samedi)

La nuit fut sous le signe de l’orage, et il en sera ainsi pour 4 autres journées, mais cela n’affecte en rien le moral. Je suis là pour l’eau après tout. Une fois mon équipement en place, je me réchauffe un peu et vérifie l’étanchéité de mon sac au sec. La première journée, je compte porter mon sac au sec sur mon dos. Histoire de voir si cette approche est valable. Aucun rapide ne parsème mon parcours, une rivière calme et sinueuse. Je ferai 23 km sous la pluie. L’anecdote de la journée sera plutôt le soir. Je décide de camper dans la courbe de la rivière sur un banc de sable. Voilà une heure et demi que je sommeille, un bruit d’animal jouant dans l’eau me réveille, au son je sais que ce n’est pas une marmotte. Je reste au aguets ! Mais voilà que le bruit devient des pas et des grognements se rapprochant de ma tente. Je me sens plutôt nerveux, surtout quand l’animal frôle ma tente tout autour, ses poils glissant sur mon double toit. Je suis au bord de la panique, je soupçonne un ours ! Mon cœur bat à 140 et mes tempes veulent éclater, j’imagine même qu’il entend battre mon cœur dans ma poitrine. Je reste couché sans rien faire ! A un moment il passe devant ma porte entrouverte au sol, je vois une grosse patte velue. C’est bien un ours ! On ne peut s’imaginer ce qui nous passe dans la tête dans ce genre de moment, croyez-moi !

Finalement, il aura été curieux 2 – 3 minutes et il s’en est parti. Quelle frousse ! J’attends pour sortir de ma tente et décide de quitter cet endroit en hâte et m’installer environ 200 mètres plus en aval. Ma hâte me vaudra de tremper un peu mes vêtements et ma couverture de nuit. De toute façon, la nuit ne fut pas très bonne ! La température étant bien en bas des moyennes que j’avais prévu. (On m’a même dit qu 5 jours auparavant la neige recouvrais le sol !)

Jour 2 (dimanche)

Je retourne chercher quelques objets à mon campement délaissé de la veille et je reprends la rivière. Celle-ci devrait me faire oublier ma mésaventure d’hier soir, d’autant plus que le niveau de l’eau a monté de 10-12 cm dans la nuit. La section que j’aborde suivant le Ruisseau à l’Aigle sera plus sportif. Je ne suis pas déçu, jusqu’à mon point de sorti au chalet de l’Ascension, ce sera un chapelet de rapides de différents niveaux du RI à RV, mais la moyenne se situe entre RII et RIII.

Je change de technique pour le transport des bagages. Je laisse flotter derrière moi mon sac au sec. Je laisse environ trois longueurs de jambes entre mon sac et moi, retenu par mon sac à corde que j’ai libéré de cette longueur et rendu fixe. Ainsi, je pourrai toujours me libérer en tout temps à partir de ma ceinture. En eau calme, je laisse le sac derrière moi, la corde ne me nuisant absolument pas pour le palmage.


Gaston qui n’a pas le choix de me suivre (Photo Denis Morin)

En rapide, je rapproche le sac sur mon coté gauche de ma luge et retiens la corde avec ma main sur la poignée de ma luge. Il est sûr que je dois compenser le poids et la traction du sac, mais avec de la pratique, on s’en sort très bien. J’ai même fini par le considérer comme un compagnon de voyage, je l’appelle Gaston. Parfois Gaston ose prendre les devants, je le ramène donc derrière moi. Avec Gaston, nous avons parcouru un 25 km, mais ce fut fort excitant cette fois-ci !

Cette journée sera marquée par une réparation de palme, vive les multi-tools !

Je garde un très bon souvenir de la chute à l’Ours et du Jarret du Chien, deux passages intéressants de la rivière. J’arrive à l’Ascension aux limites de la réserve, encore la pluie !

Personne sur place !

Je décide d’attendre et de me faire un bon souper ! Plus tard, deux employés de la réserve passerons, j’embarque avec eux et ils me font faire une portion de la navette vers le Lac Odelin, ma prochaine destination. Je couche à l’Annonciation près de Macaza où je peux faire sécher mes vêtements mouillés.